Planches du dessinateur Vincent Bailly
Le Féru des sciences conserve une collection relative à l’histoire sidérurgique et à l’histoire locale. Il conserve également une riche collection de Beaux-arts et d’arts graphiques spécialisée dans la représentation de l’industrie, et des paysages de l’industrie, notamment une importante collection de photographies des paysages sidérurgiques nationaux pour la période des années 1880 à 1980 ; une collection de cartes postales et de tableaux représentant des vues extérieures d’usines comme des vues intérieures.
L’entrée dans les collections des deux planches de bande dessinée de Vincent Bailly, relatives à une histoire régionale à résonnance nationale, permet une continuité historique dans la collection d’arts graphiques du musée et de questionner le paysage industriel par le biais du dessin de bande dessinée.
Vincent Bailly, né le 18 juillet 1967 à Nancy, connaît son pays, et notamment le Pays-Haut et Longwy, où il habite. Son goût pour l'histoire, ses talents au crayon et au pinceau, exercés dans l'atelier de Claude Lapointe aux Arts décoratifs de Strasbourg et affûtés par quelques années d'illustration, l'ont rapidement guidé vers la bande dessinée. Il se met à la bande dessinée en 1995 avec Isabelle Mercier au scénario, avec pour éditeurs Les Humanoïdes associés et Futuropolis. Ses collaborations avec le scénariste Kris provoquent de belles réalisation (Coupures irlandaises, Un Sac de billes, Mon père était boxeur). Il travaille avec Tristan Thill, auteur-réalisateur de bande dessinée et scénariste, depuis 2018 (Congo 1905 - Le Rapport Brazza - Le premier secret d'Etat de la "Françafrique").
Les deux planches sélectionnées pour l’acquisition sont issues de la bande dessinée « Lorraine cœur d’acier, histoire d’une radio pirate, libre et populaire (1979-1981) », scénarisée par Tristan Thil et sortie aux éditions Futuropolis en 2021. Elles ne sont pas centrées sur la narration à proprement parler de la bande dessinée mais sur la ville elle-même et les ouvriers.
Le dessin Vue aérienne de l’usine de Senelle, Longwy est important dans la collection pour le thème du paysage industriel et spécifiquement du paysage de Longwy. Le musée possède plusieurs représentations de l’usine Senelle de Longwy : des cartes postales, des photographies, des tableaux, notamment quatre huiles sur toile de l’artiste Alfred Renaudin (1866-1944) représentant des vues panoramiques de la cité industrielle de Longwy avec les hauts fourneaux de Saintignon et les usines de Senelle. A contrario de ces vues panoramiques, le dessinateur de bande dessinée, Vincent Bailly a figuré la démesure du site industriel qui écrase la ville de Longwy.
Le dessin Frise des ouvriers, sortie B de l’usine de Senelle, Longwy est important dans la collection pour le thème de l’histoire ouvrière locale et des conflits et manifestations ouvrière. Le musée possède dans les collections un objet singulier, un coq en acier soudé fabriqué en 1979, qui symbolise la fin des métiers de la sidérurgie en Lorraine. Il a été réalisé par les ouvriers grévistes de Longwy car les sidérurgistes réalisaient alors des objets qu’ils vendaient pour soutenir leurs actions et revendications.
Symbole de la sidérurgie, Longwy a compté jusqu’à 30 000 sidérurgistes. Lors des grèves de 1978-1979, Longwy a été le théâtre de mouvements sociaux de grande ampleur. Des usines ferment et, à partir du milieu des années 1970, la sidérurgie française se relocalise à Fos-sur-Mer dans le Sud de la France et à Dunkerque dans le Nord. Même s’il reste des usines en Lorraine, la grande épopée industrielle lorraine démarrée au 19e siècle est finie. 6700 emplois sont supprimés dans la sidérurgie à Longwy. Cette planche de bande dessinée permet d’illustrer cette lutte ouvrière.
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