MÉtÉorite de gibeon


Bien que le fer soit omniprésent sur Terre sous forme d’oxyde dans le minerai de fer ou dans les sols, il est en revanche quasiment inexistant à l’état natif, autrement dit pur.
Cela n’implique pas pour autant qu’il soit impossible d’en trouver. En effet, avant même l’âge du fer, les hommes travaillaient déjà le fer météoritique il y a près de 6 000 ans.
En Égypte ancienne, ont notamment été retrouvées des perles en fer à Gerzeh, et en 2016 l’origine météoritique du fer composant une dague du célèbre trésor de Toutânkhamon a été confirmée.

Un autre exemple est celui des Nama, un peuple de pasteurs d’Afrique australe vivant principalement en Namibie, ainsi qu’en Afrique du Sud et au Botswana. Ils utilisent depuis plusieurs siècles des fragments de météorite pour fabriquer pointes de flèches et outils.
C’est dans cette zone, plus précisément dans le sud de l’actuelle Namibie dans la région de la Fish River qu’en 1836, un explorateur anglais ramasse quelques échantillons de ce qu'il suppose être des météorites. Après analyse, l'astronome et chimiste anglais John Herschel confirme qu'il s'agit bien d'une météorite, en l’occurrence une météorite métallique appelée sidérite.

Soixante-quinze ans après la découverte initiale, juste avant la Première Guerre mondiale, 33 gros fragments supplémentaires de cette météorite sont collectés.
Le champ d'éparpillement des fragments de la météorite, proche de la ville de Gibeon qui lui donne son nom, recouvre une zone elliptique de 275 km de long sur 100 km de large, ce qui en fait la plus grande ellipse de dispersion connue sur Terre. Cette disposition des nombreux fragments sur une ellipse est interprétée comme le résultat de la rupture d'un gros objet en de très nombreux fragments au cours de sa traversée de l'atmosphère terrestre. Sa masse totale connue avant impact atteint 26 tonnes, ce qui en fait l'une des plus grosses météorites référencées. L'âge de la chute de ces fragments est inconnu, même les légendes Namas n'en font jamais état.

La météorite de Gibeon est donc une sidérite, qui représentent 6% des météorites, chimiquement composée (en masse) de fer à 91,8%, de nickel à 7.7%, de cobalt à 0.5% et d’un peu de phosphore à 0.04%. Elle est de la classe des octaédrites, parce que sa structure cristalline interne forme des octaèdres.
A sa surface, on peut observer de très beaux regmaglyptes : des creux et des cupules qui affectent la majorité des surfaces des météorites au-delà d'une taille voisine ou supérieure au décimètre. Ces dépressions sont creusées lorsque la météorite, entrant dans les couches de la haute atmosphère, subit un frottement très important générant une haute température qui fait fondre (voire vaporise) sa surface.
Une coupe et un traitement à l’acide révèlent les figures de Widmanstätten, qui sont la forme sous laquelle apparaît une recristallisation se produisant dans l'acier au-dessus de 1 000°C suivant un motif de lamelles ou aiguilles. La forme et l'épaisseur des motifs sont liées à la vitesse de refroidissement. Ces structures, très géométriques, sont connues pour être une des caractéristiques des météorites de fer. 



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