Édouard Salin [1889 - 1970]
Édouard Salin est un ingénieur, maître de forge et archéologue français, fils d’Auguste Salin (1848-1919), maître de forges et propriétaire des forges de Dammarie-sur-Saulx et d’Écurey, et de son épouse Henriette Beugniot.
Il fait ses études secondaires à Paris, notamment au lycée Louis-le-Grand où il obtient le baccalauréat. Il poursuit ensuite une formation d’ingénieur civil à l’Ecole des Mines dont il sort major en 1914. Lieutenant d’artillerie durant la 1ère guerre mondiale, il est blessé à deux reprises et contracte une maladie chronique.
De retour des combats, il épouse Suzanne Bourin en 1916. De 1918 à 1935, il est maître de forges et directeur d'usine dans les Ardennes. Cependant à 46 ans, sa mauvaise santé l’oblige à renoncer à son affaire industrielle. Il garde toutefois un lien avec la sidérurgie par le biais de la Compagnie des forges d'Audincourt dont il est successivement président puis administrateur.
Consacrant tout son temps à la recherche archéologique à partir des années 1950, Salin a l'occasion d'appliquer les méthodes géophysiques dans ce domaine, avec l'aide de la Société d'Études pour la France et l'Étranger.
Il a exploré six cimetières et ouvert plus de 700 tombes en Lorraine. Il est notamment, avec Roger Billoret, un des principaux chercheurs du site de Grand (Vosges).
Dans les années 50, à l'occasion de campagnes de fouilles à la basilique Saint-Denis, il découvre plusieurs tombes à mobilier sous le bras nord du transept, puis dans le prolongement de la crypte de Viollet-le-Duc.
Spécialiste de l'époque mérovingienne, très attaché aux pratiques funéraires dont il est un observateur attentif, É. Salin porte alors un regard neuf sur la société du haut Moyen Age. Bon connaisseur des techniques, surtout dans le domaine de la métallurgie, qu’il décrypte à travers la restauration du mobilier, il renouvelle largement la connaissance de l’armement offensif mérovingien grâce à des analyses métallographiques (tranchants carburés damas,...), des techniques de décor sur métaux (damasquinure,...) et des alliages cuivreux. Il s’intéresse également aux compositions chimiques de la verrerie.
Il publie également plusieurs articles et ouvrages d'archéologie, notamment : Le haut Moyen Âge en Lorraine ; trois campagnes de fouilles et de laboratoire (1939), Le Fer à l'époque mérovingienne; étude technique et archéologique (1943), publié avec un spécialiste de la métallographie, Albert France-Lanord. Son grand ouvrage La Civilisation mérovingienne en quatre volumes, parait de 1950 à 1959.
Par ailleurs Président de la Société d'archéologie de Lorraine et du musée historique lorrain de 1945 à 1969, il fait don au musée lorrain de plusieurs pièces de ses collections. Maintes fois, il participe avec le conservateur Pierre Marot à de nouveaux aménagements qui améliorent la présentation du musée.
Trois ans plus tard, en 1950, il fonde en collaboration avec Albert France-Lanord, le premier laboratoire de recherches archéologiques dans le domaine de la sidérurgie en France, placé sous les auspices du CNRS et de la Direction des Musées de France.
A ses qualités intellectuelles, Edouard Salin joint une grande habileté manuelle ; beaucoup de pièces de mobilier funéraire, armes, plaques-boucles de ceinture, sont dégagées par ses soins de leur gangue de rouille, laissant apparaître de véritables œuvres d'art et d'admirables décors de damasquinure et de niellure. Le laboratoire acquiert une réputation internationale, consacrée par un colloque de l’histoire du fer tenu à Nancy en 1955 et la création en 1957 du Centre de Recherches de l’histoire de la sidérurgie.
En 1966, sont inaugurés le nouveau Centre de recherches et le Musée du fer, installés à Jarville au sein du domaine de Montaigu, sur un terrain offert par Edouard Salin.
Il finit ses jours dans le château de Montaigu, à Laneuveville-devant-Nancy (Meurthe-et-Moselle), sa belle demeure remplie des pièces qu’il a rassemblées en collectionneur éclairé : meubles signés, tableaux de grands maîtres, œuvres antiques, bijoux et armes du Moyen-Âge.
Julien Abraham, 2024