Albert FRANCE-LANORD [1915 – 1993]
Directeur de l’entreprise familiale de travaux publics, conservateur de deux musées, archéologue, pionnier de la conservation-restauration des objets métalliques, son apport est primordial tant à l’échelle locale que nationale.
Fils du directeur de France-Lanord et Bichaton, entreprise notamment impliquée dans les grands chantiers de l’Ecole de Nancy, il en reprend la direction après une formation à l’Ecole Centrale de Lyon en spécialité « Travaux publics ».
Conservateur bénévole au Musée lorrain à partir de 1937, il y fait la connaissance d’Edouard Salin. En charge de la section Préhistoire, il réalise le 1er inventaire des collections archéologiques et mène la réorganisation des salles de cette section en 1954, en créant une présentation moderne pour l’époque.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il œuvre avec Edouard Salin à la restauration des objets en fer des collections du Musée lorrain. Leur réputation dans ce domaine leur permet de se voir confier des travaux par le musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye en 1948. La méthode des deux ingénieurs s'appuie sur l'usage systématique des outils scientifiques (observations sous UV, microscope, etc.) pour l’étude du matériel archéologique. Ils fondent en 1950 le laboratoire du Musée lorrain, qui devient le Centre de Recherches de l’Histoire de la Sidérurgie (CRHS) en 1957, et finalement le Laboratoire d’Archéologie des Métaux en 1967. Il s’agit du premier laboratoire français spécialisé dans la restauration des objets métalliques, dont les trois missions sont : la restauration, l’étude des techniques anciennes et la formation des conservateurs-restaurateurs, tout en constituant une documentation de référence. Albert France-Lanord en est le directeur scientifique, mais il participe également activement à la restauration de pièces emblématiques comme le cratère de Vix (Côte d’Or) ou le Pacatianus de Vienne (Isère).
Il participe en 1957 à la fouille de la nécropole royale de Saint-Denis sous la direction d’Edouard Salin. Considérant l’archéologie comme fondamentalement destructrice, il met en œuvre une pratique très documentée pour l’époque grâce à des relevés, des photographies et des films.
En 1966, il contribue, toujours avec Edouard Salin, à la création du Musée de l’Histoire du fer, rattaché au CRHS. Il travaille durant 5 ans à la constitution d’une collection, l’établissement d’un programme muséographique et la scénographie des espaces. Il en est le conservateur de 1966 à 1983.
Il s’investit également dans l’enseignement à une époque où il n’existe pas de formation en France dans la restauration des biens culturels. En parallèle, il participe à partir de 1970 aux réflexions de l’ICCROM (Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels) sur la mise en place d’un cours de conservation-restauration où il enseigne de 1974 à 1978. Chargé de mission à l’UNESCO, il se rend à l’étranger pour inspecter les musées, proposer des restaurations et former des professionnels locaux à la conservation-restauration des biens culturels.
A la retraite au début des années 1980, il traduit l’ouvrage De Re Metallica d’Agricola (1556), compilation des connaissances relatives au métal à la fin du Moyen-Age, publié en 1987.
Il reçoit le prix de l’ICCROM en 1988 pour l’ensemble de son travail.
Julien Abraham, 2023.