Camille Cavallier représente une figure emblématique de l'industrie sidérurgique lorraine au tournant du XX^e siècle. Issu d'une famille modeste, son père étant garde forestier au Bois-le-Prêtre, il vit ses premières années dans la maison forestière du Père Hilarion près de Montauville (Meurthe-et-Moselle).

Diplômé de l’Ecole des Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne en 1874, il entre dans la société de Pont-à-Mousson en 1875, évoluant successivement des postes d'ingénieur à coadministrateur. En 1900, il succède à Xavier Roger à la présidence, propulsant l'entreprise vers une stature mondiale jusqu’en 1926. Convaincu de l'impératif national de l'exportation, il élabore un réseau commercial mondial, renforçant ainsi la présence de Pont-à-Mousson à l'échelle internationale.

Passionné par le minerai, il initie des recherches fructueuses dans la région d'Auboué, menant à la création d'une importante mine de fer en 1913. Il est également à l’origine de la constitution d’une collection pétrographique débutée vers 1875, rassemblant des échantillons de minerais ferreux du monde entier, au gré de ses déplacements ou fournis par des collaborateurs.  Ses successeurs à la tête de l’entreprise poursuivent l’enrichissement de cette collection. Au vu de l'intérêt indiscutable de la collection qui regroupe des échantillons de gisements aujourd’hui abandonnés ou épuisés, la direction de Pont-à-Mousson la confie au Musée de l’Histoire du fer en 1974.

La Première Guerre mondiale impacte directement l'entreprise, mais avec l'aide de son frère Henri et de collaborateurs non mobilisés, Camille Cavallier lance un programme considérable de fabrication de guerre. À la fin du conflit, il poursuit ses projets d'expansion, créant de nouvelles usines et confiant la direction d'une nouvelle usine à son gendre Marcel Paul-Cavallier.

Pendant ces années de guerre et de reconstruction, la vie de la société se confond avec celle de son dirigeant. Administrateur unique, Camille Cavallier mène la société à travers les défis techniques, financiers et sociaux de l'époque, restant impliqué dans tous les aspects de la production. Son dévouement presque total aux intérêts de l'entreprise ne l'a pas empêché de gagner plus qu'honorablement sa vie, son patrimoine étant estimé à 10 millions de francs or en 1910.

Sa stratégie axée sur le travail acharné et la spécialisation dans la production de tuyaux de fonte a propulsé Pont-à-Mousson vers l'international, exportant près de la moitié de sa production en 1913. Il a œuvré à l'intégration en amont de la filière, vers les charbonnages, le minerai de fer et les hauts-fourneaux, portant la production de fonte de 80 000 tonnes en 1900 à 237 000 tonnes à la veille de sa mort en 1926.

Couvert d'honneurs, administrateur d'une vingtaine de sociétés, Camille Cavallier a dirigé Pont-à-Mousson jusqu'à son dernier souffle ; il décède d’une crise cardiaque le 10 juin 1926 à l'âge de 72 ans, après avoir présidé l'assemblée générale des actionnaires la veille. Son gendre Marcel Paul-Cavallier lui succède alors, assisté de Henri Cavallier. Il laisse derrière lui un héritage industriel exceptionnel, faisant de lui une figure emblématique de l'industrie lorraine du début du XX^e siècle.

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Jérémy Delenclos, 2023.