Jacques André [1904 – 1985]
Michel André [1905 – 1975]
Jacques et Michel André sont deux frères issus d’une dynastie de constructeurs incontournables dans le paysage nancéien tout au long du XXe siècle. Leur grand-père Charles André est un des fondateurs de l’École de Nancy, et leur père Émile un de ses plus grands représentants.
Jacques se forme comme architecte à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et Michel intègre l’Ecole centrale des arts et manufactures pour devenir ingénieur. Ils travaillent aux côtés de leur père dans l’agence familiale dès l’obtention par Michel de son diplôme en 1928. Ils en reprennent les rênes en 1933 à la mort de leur père. La collaboration architecte/ingénieur permet de fournir des connaissances spécifiques dans le domaine de la technique et des matériaux susceptibles de pallier le déficit de l’enseignement de l’Ecole des Beaux-Arts en la matière.
Les tâches et les réseaux professionnels sont partagés entre Jacques, figure tutélaire de l’agence investie dans les cercles nationaux et internationaux, et Michel, qui assure une gestion plus pragmatique et se concentre sur les réseaux locaux en développant des liens avec des ingénieurs et des industriels.
Ils tissent notamment des liens avec Antoine Trampitsch des Brasseries de Champigneulles, Marcel Vilgrain des Grands Moulins du même nom, ou encore André Grandpierre de la société des Hauts Fourneaux et Fonderies de Pont-à-Mousson. Ils interviennent de manière particulièrement importante pour la Compagnie des forges de Châtillon-Commentry et Neuves-Maisons, en premier lieu pour réaliser la centrale thermique de l’usine, puis rapidement pour l’ensemble des équipements liés à la vie ouvrière : de l’infirmerie aux écoles ménagères ou d’apprentissage, des stades et colonies de vacances à la coopérative alimentaire, sans oublier l’habitat.
Au cours de leur carrière, ils participent à la construction de bâtiments emblématiques de l’agglomération nancéienne : l’Institut de zoologie et musée de zoologie en 1932-1933, actuel Muséum-Aquarium de Nancy, l’extension du Musée de peinture et de sculpture de Nancy en 1932-1936, devenu musée des Beaux-Arts, la reconstruction des grands moulins Vilgrain en 1946-1949 (label Architecture Contemporaine Remarquable), la Faculté des Lettres de Nancy en 1963-1966.
En 1958, le projet de construction du Musée de l’Histoire du fer est mis à l’étude et confié à leur cabinet, avec la collaboration de Claude Prouvé. La construction se déroule entre 1963 et 1966. Le bâtiment se compose de deux ailes allongées parallèlement, réunies par une galerie qui crée un patio en son centre ouvert sur un jardin. Les espaces sont créés avec une volonté de flexibilité et de modularité. Des systèmes de cloisons, de cimaises, de panneaux et de vitrines amovibles et interchangeables furent installés dans ce but. Le musée, entièrement constitué de verre et d'acier, laisse apparaître son ossature métallique, appelée "portiques" par les architectes. Ces derniers supportent les dalles de béton armé formant les planchers. Les façades entièrement vitrées donnent sur le parc du Château de Montaigu.
Pour leur travail sur le Musée de l'Histoire du fer, le cabinet André reçoit trois récompenses et distinctions : Prix de l’Équerre d’argent en 1969, label « Patrimoine du XXe siècle », devenu « Architecture contemporaine remarquable » attribué par la DRAC Grand Est en 2015.
Julien Abraham, 2023.