La collection Bonhommé (1809-1881)

Ignace-François Bonhommé est né à Paris le 14 mars 1809. Il intègre en 1828 l’Académie des beaux- arts, où il reçoit les enseignements de Horace Vernet et Paul Delaroche. Formé au dessin et aux compositions dans la peinture de genre et d’histoire, il tente par deux fois et en vain le prix de Rome, expose dans les salons et répond à des commandes pour illustrer des ouvrages ou pour des particuliers.

Après ses études artistiques classiques, il découvre par hasard, un monde négligé jusque-là par les artistes : celui de l’industrie, alors en plein essor. Fasciné par « la lutte de l’homme contre la matière » comme l’a écrit son ami Alexandre Dumas, il s’est attaché à présenter, sa vie durant, avec minutie et force détails, sur commande des maîtres de forge ou de l’Etat, les sites importants du moment : Abainville, Fourchambault, le Creusot et Montceau-les-Mines de Paris, où il réalise des « reportages » qui inspireront ses nombreuses créations. Dessins, aquarelles, lithographies, gravures mettent en scène les techniques, machines (four, roue hydraulique, marteau-pilon, laminoir, etc.) et les hommes dans leurs activités laborieuses (lamineur, puddleur, rattrapeur, ajuster, mineur, manœuvrier, etc.).
C’est aux forges d’Abainville qu’il exécute, en 1838, son premier tableau intitulé Tôlerie des Forges d’Abainville (Meuse) 1994.8.1 (puis un deuxième : Usine à fer dans le département de la Meuse qu’il expose au Salon de 1840).


Œuvre phare du musée (il en conserve également les soixante-dix dessins préparatoires), le tableau représente l’usine d’Abainville dans la Meuse, deuxième fonderie française après le Creusot sous la Monarchie de Juillet. La représentation des nombreux détails techniques sur les machines, les processus industriels et les postures des ouvriers au travail constituent une valeur documentaire exceptionnelle.

Ce tableau d'intérieur est éclairé par deux sources de lumière. D'une part, à gauche, le mur blanc du bâtiment, qui abrite la machine à vapeur de 100 chevaux construite par Eugène Flachat, réfléchit la lumière du jour. Ce bâtiment est vraisemblablement construit dans une petite cour, entre la "Nouvelle" et l'"Ancienne forge", avec une hauteur dépassant celle de la toiture de cette dernière. D'autre part, à droite, le travail du laminoir à tôles, particulièrement mis en scène, constitue véritablement le centre de la composition.
L'activité de ces ouvriers est articulée autour des fours à réchauffer les fers (à gauche du tableau), et du train de laminoirs à tôle (sur la droite). A l'arrière-plan, une équipe s'active autour d'un des laminoirs à fers ronds et d'une cisaille.                                     

A l'extrême droite du tableau, l'escalier de communication avec la passerelle traversant l'un des étangs de la forge, montre que le sol dallé de l'atelier de tôlerie (comme celui des autres ateliers) est situé au-dessous du niveau de ces étangs, afin de bénéficier des apports de l'énergie hydraulique (roue à auges, notamment). Le niveau de l'eau est indiqué, derrière le laminoir à tôles, par les murs puissamment maçonnés, qui constituent en fait la digue de l'étang. 
Le reste du bâtiment se résume à une charpente en bois, supportant une toiture traditionnelle, avec quelques ouvertures de lumière. Afin de permettre une ventilation efficace, l'atelier est en grande partie ouvert sur les côtés. C'est un simple bardage en planches qui protège les installations et le personnel des intempéries.

Outre le tableau, la collection Bonhommé se compose de 7 gravures, 11 photographies et 119 dessins. Parmi ces derniers, un est particulièrement prégnant (1972.3.44). Il illustre l’exploitation du cheval dans le monde minier. L’animal est attaché par des courroies et descendu au fond de la mine grâce à un câble. Là, il s’avère indispensable aux hommes pour tirer les charriots remplis de minerais vers les ascenseurs. La plupart du temps, après des années de bons et loyaux services, ils terminent leur vie dans la noirceur des profondeurs.

                                                            


François-Ignace Bonhommé, est l’un des rares peintres du XIXe siècle à avoir presque exclusivement consacré sa carrière à la représentation du monde industriel. Ses œuvres, qui illustrent de nombreux ouvrages ou articles traitant de l’industrialisation, nous sont familières, mais son nom peu connu du public. Il destinait tous ces travaux à une œuvre éducative de grande envergure, l’Histoire pittoresque de la métallurgie, qu’il considérait comme son chef d’œuvre. Il y travaillera sans relâche, laissant un témoignage d’une importance capitale pour la connaissance des activités industrielles anciennes.

Lien vers la page Wikipédia

Sandrine Derson, 2023.


La collection complète